Happycratie


MDU ET IUT D’EVREUX


Ateliers menés à partir de septembre 2019 avec d’une part une quinzaine d’étudiants de la Maison de l’Université toutes filières confondues (35 heures) et d’autre part avec des étudiants de l’IUT d’Evreux (12h).

Dans une époque où la vie intime de chaque individu se raconte et se performe, sur les réseaux sociaux et à la télévision, à la manière d’une épopée fictionnelle égocentrique et enjouée, il est de plus en plus complexe de trouver des espaces où les fragilités et les imperfections de nos vies peuvent s’exprimer. Traqués par la culpabilité de n’être pas à la hauteur de notre exigence de bonheur et de perfection, obsédés par notre propre image, on « travaille sur soi », et on apprend à se montrer et à se représenter sous son plus beau profil. Le Groupe Chiendent souhaite interroger les étudiants sur leur conception du bonheur, ainsi que sur leurs modèles de réussite personnelle : situation affective, familiale (?), professionnelle, etc. En s’appuyant notamment sur l’image qu’ils souhaitent véhiculer d’eux-mêmes sur leurs différents profils numériques. En partant à la fois des différentes singularités qui composent le groupe, de leurs rapports aux réseaux sociaux, ainsi que de leurs analyses de différents supports de cultures populaires (émissions de télé-réalité, publicités, etc…), ils exploreront par le théâtre et l’écriture les différentes représentations du bonheur qui les traversent, ou devant lesquelles ils se sentent acculés. Les participants seront ensuite amenés à transgresser ces modèles de perfection pour s’avouer fragiles et incertains. La dictature du bonheur affrontera la dictature du chagrin pour accoucher d’une réalité complexe et d’individualités en reliefs. Ces ateliers seront donc un laboratoire de recherche sur la question du vrai et du faux, qui interagit aujourd’hui en permanence dans notre rapport aux contenus médiatiques. Dans une ère où l’intimité de chacun est de notoriété publique, la mise en scène publique de son intimité vient confondre notre rapport à la vérité et à l’authenticité. A travers l’outil du théâtre, peut-on recréer le malaise d’une société qui surfe dangereusement sur l’exhibition trafiquée ? 

Cette investigation avec les étudiants aboutira à une écriture de plateau et à la création d’une performance collective, « un jeu » qui pourrait être dangereux tant pour ses protagonistes que pour ceux qui s’en délectent, faisant dialoguer le culte du Super-Individu et les troubles existentiels de notre nature humaine impossible à rassasier, et qui confrontera la notion d’individualisme à celle de l’altérité.